Awaca, démarrage d’une campagne exceptionnelle en Antarctique (Institut Polaire, 2 décembre 2024)

1 100 km en Antarctique pour mieux comprendre l’évolution de la calotte glaciaire

  • Les processus physiques à l’œuvre dans la formation des nuages et des précipitations de neige au-dessus de la calotte polaire Antarctique sont encore mal connus.
  • Co-piloté par le CNRS, le CEA, l’EPFL et l’École polytechnique, le projet AWACA déploiera une instrumentation innovante sur le terrain, appuyée par l’Institut polaire français, afin de mieux caractériser le cycle de l’eau atmosphérique au-dessus de l’Antarctique.
  • Ces mesures seront utiles pour mieux prévoir le devenir de la calotte glaciaire antarctique dans un climat plus chaud.

De début décembre 2024 à mi-janvier 2025 seront déployés l’ensemble des systèmes d’observation du projet AWACA en Antarctique. Autonomes et capables d’opérer en continu pendant trois ans dans des conditions climatiques extrêmes, ces instruments novateurs seront installés le long d’un axe de 1 100 km entre les stations Dumont d’Urville et Concordia. Ils permettront d’étudier pour la première fois à cette échelle les processus météorologiques impliqués dans l’accumulation de neige en Antarctique afin de mieux prévoir l’évolution de la calotte glaciaire sur les 100 prochaines années.
Cette mission ambitieuse est supervisée par des scientifiques du CNRS, du CEA, de l’École polytechnique de Paris et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Le déploiement de ces instruments, véritable défi logistique, est géré par les équipes de l’Institut polaire français. Ces travaux bénéficient du soutien financier du Conseil européen de la recherche.

Lire le communiqué de presse en français ou en anglais

Grande première pour le chantier le plus extrême de la planète où l’hiver s’accompagne de journées de 24H dans le noir et de températures jusqu’à -20° (Media24, 06/11/2024)

Grande première pour le chantier le plus extrême de la planète où l’hiver s’accompagne de journées de 24H dans le noir et de températures jusqu’à -20° (Media24, 06/11/2024)

Avancées majeures dans la modernisation de la station antarctique de Rothera.

Alors que la saison d’été 2023/24 se termine, la British Antarctic Survey (BAS) a annoncé que son chantier de modernisation des infrastructures de sa principale base antarctique était en bonne voie. Les équipes de construction ont rejoint le personnel hivernal pour la première fois, marquant un tournant dans l’évolution future de la science et des opérations à Rothera, la plus grande station de recherche polaire du Royaume-Uni en Antarctique.

Publié par Guillaume AIGRON (source : https://media24.fr/2024/11/06/grande-premiere-pour-le-chantier-le-plus-extreme-de-la-planete-ou-lhiver-saccompagne-de-journees-de-24h-dans-le-noir-et-de-temperatures-jusqua-20/)

Le Discovery Building : Un nouveau pôle scientifique en Antarctique

Le projet phare de cette saison a été la poursuite des travaux sur le Discovery Building, un centre de soutien scientifique et opérationnel dont la livraison est prévue pour 2025. Avec ses 90 mètres de long et 30 mètres de large, ce bâtiment s’organise désormais en différents espaces comprenant des bureaux, un centre médical, une salle des machines et des zones de stockage. L’installation de vitres sur toutes les fenêtres et de panneaux solaires contribuera à électrifier la station.

Des innovations durables pour la station de Rothera

Au cours de la saison, d’importantes améliorations ont été apportées, notamment la resurfaçage de la piste d’atterrissage de Rothera pour la première fois en plus de trente ans, malgré les défis posés par les conditions météorologiques extrêmes. Les nouveaux éclairages plus efficaces, un meilleur drainage et une aire de rotation pour les avions ont également été finalisés. Ces améliorations, réalisées principalement par BAM et conseillées techniquement par Ramboll, sont essentielles pour permettre la continuité des opérations aériennes et le soutien des scientifiques sur le terrain.

Travaux hivernaux et préparations pour l’avenir

Pour la première fois, des membres de l’équipe de projet de construction travailleront à la progression du Discovery Building pendant l’hiver antarctique, une période connue sous le nom de “surhivernage”. Ils rejoignent l’équipe de la station qui maintient les opérations annuelles, travaillant dans des conditions extrêmes où les températures sont en moyenne à – 9,7° (et jusqu’à -20°) et mois entiers sans voir la lumière du soleil. L’équipe de modernisation hivernale se concentre sur l’aménagement intérieur du Discovery Building, y compris la tour des opérations.

Pour la première fois, des membres de l'équipe de projet de construction travailleront à la progression du Discovery Building pendant l'hiver antarctique.
Pour la première fois, des membres de l’équipe de projet de construction travailleront à la progression du Discovery Building pendant l’hiver antarctique. (source BAM (https://www.bas.ac.uk/media-post/new-construction-season-drives-antarctic-modernisation-forward/))

Réactions des principaux intervenants

Elen Jones, directrice du programme de modernisation des infrastructures antarctiques chez BAS, s’est dite très satisfaite de l’avancement des travaux et a exprimé toute sa gratitude envers les membres du projet pour leur engagement durant cette saison. Huw Jones, directeur exécutif chez BAM, souligne la complexité de la mise à niveau de la piste d’atterrissage qui assure l’accès à l’Antarctique pour la communauté scientifique internationale, tandis que Natalie Wathen de Ramboll met en avant la collaboration qui a permis d’atteindre ces résultats remarquables.

The Antarctic Infrastructure Modernisation Programme  |  British Antarctic Survey

Engagement envers un avenir durable

Le projet incarne l’engagement de la BAS en faveur de la durabilité, visant à réduire les émissions de carbone de 25% d’ici 2030, contribuant ainsi à l’objectif global de décarbonation des activités opérationnelles à Rothera.

Source en anglais, sur le site du British Antarctic Survey : https://www.bas.ac.uk/media-post/new-construction-season-drives-antarctic-modernisation-forward/

Envie d’en savoir plus sur l’Antarctique ?

Envie d’en savoir plus sur l’Antarctique ?

Cette semaine nous vous invitons à découvrir l’Antarctique sous toutes ses facettes grâce à une riche publication de l’Institut Polaire français Paul-Emile Victor.

L’Antarctique est un continent recouvert de glace situé à l’extrême sud de notre planète. Entouré par l’océan Austral, c’est la région la plus froide, la plus sèche, et la plus élevée du monde.

Depuis 1959 et la signature du Traité sur l’Antarctique, ce continent est dédié à la paix et à la science.
La France y maintient deux stations : Dumont d’Urville et Concordia.

Bien avant sa découverte, l’existence de l’Antarctique est présupposée dès l’Antiquité sous l’hypothèse que la Terre étant une sphère symétrique, il fallait un continent au sud pour contrebalancer les terres de l’hémisphère Nord. Aristote lui-même évoque la nécessité de cet équilibre et de l’existence d’une Terra Australis.

Pour approfondir différents sujets, rdv sur cette page :

La toponymie argentine : un enjeu de pouvoir pour le gouvernement de Javier Milei

La toponymie argentine : un enjeu de pouvoir pour le gouvernement de Javier Milei

Il y a trois jours un mouvement que je pensais inaliénable pour la reconnaissance des peuples de Patagonie s’est brusquement interrompu : Manuel Adorni, porte-parole du gouvernement de Javier Milei, a annoncé depuis la Casa Rosada le changement de nom d’un lac situé à quelques kilomètres à l’ouest d’Ushuaia, pour « rétablir l’ordre dans le sud du pays », « protéger les propriétaires des terres prises » dans le cadre d' »usurpations de terres par des pseudo-mapuches ». La décision a été prise par le gouvernement le vendredi 7 juin 2024 et est soutenue par le Président de l’Administration des Parcs Nationaux, Cristian Larsen.

Cela pourrait sembler dérisoire, un nom de lac, mais la symbolique qu’il revêt dépasse de loin ce que mon esprit pouvait imaginer. Ce n’est que depuis le début des années 2000, sous la présidence de Cristina Kirchner, que ce lac avait retrouvé son nom yagan « Acigami », s’ajoutant ainsi à la liste des rares toponymes d’origine yagan, selk’nam, haush ou kawesqar encore présents dans les bases de données géographiques officielles en Argentine et au Chili.

Selon mes analyses du catalogue de l’Institut Géographique National d’Argentine, en 2019 moins de 8% des toponymes de la province de Terre de Feu avaient une origine indigène, ce qui signifie que plus de 90% des noms de lieux sont liés aux différentes vagues d’exploration et de colonisation de cette région. Le lac Acigami faisait donc partie jusqu’à il y a peu des rares noms yagan a avoir retrouvé sa place après qu’un autre nom, « Lac Roca », lui ait pris sa place durant de nombreuses décennies.

Lors de la revue de presse du 12 juin 2024, Manuel Adorni a déclaré : « le lac Acigami, qui est un nom aborigène qui signifie « poche allongée », Dieu sait ce que cela a à voir avec, le lac Roca a été rebaptisé, comme il l’était avant 2008, en l’honneur du héros, ancien président de la République et architecte de la consolidation de l’État-nation, qui avec sa vision et son leadership a fini par délimiter l’extension de notre territoire » (“El lago Acigami, que es un nombre aborigen que significa ‘bolsa alargada’, vaya a saber Dios qué tenía que ver, se volvió a llamar al lago Roca, como lo hizo hasta 2008, en honor al prócer, expresidente de la República y artífice de la consolidación Estado-nación, quien con su visión y liderazgo terminó por delimitar la extensión en nuestro territorio”).

En plus d’un ton dépréciatif non dissimulé à l’égard de ce nom yagan et plus généralement envers ce peuple qualifié de « pseudo-mapuche », nous pouvons reprocher aux décisionnaires une méconnaissance de l’histoire argentine liée à ce lieu. Ce lac se nommait ainsi bien avant que les terribles effets de la Conquête du Désert (qui n’en était pas un!) menée par le Général Roca ne s’y manifestent. Pour rappel, et ce rappel démontre à quel point ce changement de nom est idéologiquement terrible, Julio Argentino Roca, avant de devenir président de 1880 à 1886, était un militaire et a eu pour mission de conquérir les terres situées au sud du Rio Negro, la Patagonie donc, afin d’y affirmer la souveraineté argentine. Nommée « Conquête du Désert », cette expédition de plusieurs années a eu pour effet le génocide des peuples de Patagonie, encore trop peu documenté à ce jour et d’une ampleur effroyable, afin que des colons les remplacent en s’y installant avec leurs ovins.

Il est à noter que nous retrouvons la mention de ce nom de lieu dès 1883, à la page 81 du rapport d’expédition de Giacomo Bove réalisée à la demande du gouvernement argentin et en partenariat avec le Consulat Italien à Buenos Aires, durant la présidence de Julio Argentino Roca. Il apparaît également dans de nombreuses sources (Thomas Bridges, Nathalie Goodall,…) et pas toujours orthographié de la même manière (Acacima, Ucasimae, Acagimi, Asigami,…).

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carte extraite de « Expedición Austral Argentina » (p.81) de Giacomo Bove, imprimé à Buenos Aires par le Département National de l’Agriculture et présenté au sein du Ministère de l’Intérieur et du Ministère de la Guerre et de la Marine.

Affirmer qu’avant 2008 ce lac avait pour seul nom « Roca » démontre une méconnaissance des archives de l’Institut Géographique National et un mépris protéiforme pour l’histoire. Les yagans habitent ces territoires depuis des milliers d’années et le retour de ce nom de lieu était lié à des obligations légales relatives aux peuples indigènes, l’Argentine ayant ratifiée la Convention 169 de l’OIT en 2000.

Et surtout, cette décision ne manque pas d’ironie puisque sous couvert de modernisation et de regard tourné vers un Occident présenté comme modèle, le gouvernement de Milei fait l’exact inverse de ce qui se passe de plus en plus généralement en Europe, avec la cohabitation de toponymes dans diverses régions, la mienne par exemple (Bretagne, avec des noms en français, gallo et breton).

En tant que chercheuse dédiée aux questions de toponymie (>3000 noms de lieux recensés), je dénonce cette attaque contre les yagan et apporte tout mon soutien à ce peuple dont le porte-parole, Victor Vargas Filgueira, n’a de cesse de lutter pour visibiliser son peuple, comme il a pu le faire en présentiel en France lors du festival Haizebegi de Bayonne en 2019 et durant lequel l’association Karukinka était investie.

Pour terminer cet article bien amer, je citerai les mots réconfortants de David Alday, ex-président de la communauté yagan de la baie Mejillones au Chili : « L’histoire et la mémoires de nos peuples originaires ont des milliers d’années et cela ne s’efface pas comme ça, quelque soit les annonces qu’ils font, il y a toujours quelqu’un pour enseigner et souligner la réalité de notre riche toponymie. Il est temps d’écouter et d’observer tranquillement Marraku [Victor], écouter et observer. » (« La historia y memoria de nuestros pueblos originarios tienen miles de años, no se borra por más anuncios que se hagan, siempre hay alguien que enseñe y señale la realidad de nuestra rica toponimia. Es tiempo de escuchar y observar tranquilos Marraku, escuchar y observar. »)

Ecoutons et observons, ils ne peuvent rien contre la mémoire collective.

Lauriane Lemasson

Pour ceux qui souhaitent :

Un corail rouge observé pour la première fois dans des eaux peu profondes de Patagonie (Sciences & Avenir / AFP, 7 juin 2024)

Des colonies d’Errina antarctica ont été découvertes à l’extrême sud de la Patagonie chilienne, dans le détroit de Magellan, l’endroit le plus méridional et le moins profond où il n’ait jamais été observé.

Par Sciences et Avenir avec AFP le 07.06.2024 à 18h20, mis à jour le 10.06.2024 à 10h50 Lien direct vers la source dédiée au corail rouge de Patagonie : https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/un-corail-rouge-observe-pour-la-premiere-fois-dans-des-eaux-peu-profondes-de-patagonie_178868

Photo diffusée par l'organisation Rewilding Chile le 6 juin 2024 d'un corail rouge Errina Antarctica observé dans le détroit de Magellan, au Chili, le 28 août 2023

Photo diffusée par l’organisation Rewilding Chile le 6 juin 2024 d’un corail rouge Errina Antarctica observé dans le détroit de Magellan, au Chili, le 28 août 2023

Rewilding Chile/AFP – Handout

Un type de corail rouge a été découvert à l’extrême sud de la Patagonie chilienne, dans le détroit de Magellan, l’endroit le plus méridional et le moins profond où il n’ait jamais été observé, ont annoncé des scientifiques vendredi 7 juin 2024.

Des colonies d’Errina antarctica ont été découvertes dans la réserve nationale de Kawésqar, une vaste zone marine protégée de l’extrême sud du continent américain. Publiée fin avril 2024 dans la revue Scientific Reports, elle a été rendue publique vendredi, à la veille de la Journée des océans commémorée le 8 juin.

Ces coraux ne bénéficient actuellement d’aucune protection

Des plongeurs accompagnés de robots sont descendus dans les eaux glacées du détroit de Magellan et ont observé ces coraux à une profondeur comprise entre 1,3 m et 47 mètres.

Malgré leur rôle prépondérant dans le développement des fonds marins, ces coraux ne bénéficient d’aucune protection, bien qu’ils se trouvent dans un état de conservation vulnérable au Chili.

« Il est nécessaire de les protéger, de les conserver et de chercher des moyens de les gérer pour qu’ils continuent à vivre longtemps », a estimé auprès de l’AFP Ingrid Espinoza, coauteur de l’étude et directrice de conservation de Rewilding Chile.

« L’une des régions marines les moins connues et les moins bien comprises du monde »

L’étude, réalisée entre 2021 et 2023, souligne le peu de données disponibles sur la présence de forêts marines animales dans les eaux patagoniennes. « Cette région reste l’une des régions marines les moins connues et les moins bien comprises du monde », indique-t-elle.

Les coraux sont menacés par les activités humaines, telles que l’élevage de saumon, qui s’est étendu aux eaux de la région méridionale du détroit de Magellan, le changement climatique ou encore la pollution des océans.

Ces petits animaux, appelés polypes et qui peuvent constituer des colonies avec un squelette commun, contribuent de manière « extrêmement importante » à la biodiversité, en tant que « sentinelles des impacts et perturbations environnementales », a rappelé Mme Espinoza.

Dans le monde, les récifs coralliens représentent environ 0,1% des fonds marins. En raison de leur grande valeur écologique, ils ont été classés comme l’un des écosystèmes les plus riches en biodiversité de la planète, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).


Envie de découvrir d’autres articles dédiés aux recherches scientifiques menées en régions polaires et subpolaires ? Rdv ici : https://karukinka.eu/fr/actualites-scientifiques-patagonie-polaires/

A vos agendas ! Exposition d’une rétrospective photographique et sonore pour les dix ans de Karukinka, à Nantes du 16 au 31 mars 2024

A vos agendas ! Exposition d’une rétrospective photographique et sonore pour les dix ans de Karukinka, à Nantes du 16 au 31 mars 2024

Affiche expo nantes 2024
A vos agendas ! Exposition d'une rétrospective photographique et sonore pour les dix ans de Karukinka, à Nantes du 16 au 31 mars 2024 5

Quoi de mieux que de partager un maté, des empanadas et des alfajores pour faire un saut à l’extrême sud de l’Amérique ?

En partenariat avec El Almacén, un resto bar argentin situé à deux pas de la place Royale (4 rue de l’Arche sèche à Nantes), nous vous convions à l’exposition de sons et d’images réalisés en Patagonie lors de nos différentes expéditions à pieds et à la voile.

Pensée sous la forme d’une rétrospective de dix années passées en territoires selk’nam, yagan et haush, cette présentation d’une partie de nos activités sera complétée, le 16 mars à 18h30, par une conférence de Lauriane Lemasson, fondatrice de l’association.

Au plaisir de vous rencontrer et de vous faire découvrir nos activités passées, présentes et futures,

Jacques Sax, président de l’association Karukinka

PS: pour l’écoute, n’oubliez pas vos écouteurs et, si besoin, d’installer une application de lecture de QR codes