Un jour comme aujourd’hui décédait Virginia Choquintel, « la dernière Selk’nam » (02/06/2025, La Contra Tapa)

Elle avait 56 ans. Virginia Choquintel est décédée à Río Grande. Elle avait souffert du déracinement, de la solitude, de l’alcoolisme et de la contradiction d’être la descendante d’un père et d’une mère selk’nam tout en ignorant l’histoire et la culture de son peuple.


virginia choquintel

Le décès de Virginia Choquintel à Río Grande à l’âge de 56 ans marque la fin d’une vie marquée par le déracinement et la quête d’identité. Née en 1942, à une époque où la population Selk’nam était décimée par la violence et les maladies, Choquintel incarna la paradoxale condition d’être descendante d’un peuple autochtone qu’elle ne connaissait pourtant pas.

Elle ne gardait que quelques souvenirs flous de son père, durant son enfance à la Mission salésienne : « Tous les après-midis, il venait me chercher et m’emmenait faire des promenades à cheval », mais elle ne se souvenait pas « si nous parlions ». Sa mère succomba à une épidémie : « De ma mère, je me souviens à peine… elle est morte quand j’étais toute petite » (entretien avec l’auteur en mai 1994).

Son enfance s’est déroulée dans une mission salésienne, où ses liens culturels se sont affaiblis. Ses souvenirs de ses parents étaient fragmentaires, et l’histoire de son peuple lui était étrangère. Les informations sur les massacres d’indigènes, qu’elle n’apprit que tardivement, la plongèrent dans l’angoisse.

Après des années de travail comme employée domestique à Buenos Aires, une rencontre fortuite favorisa son retour à Río Grande en 1989. Là, elle commença à reconstruire son passé et à renouer avec ses racines. Son histoire attira l’attention d’étudiants et de chercheurs, bien qu’elle reconnaissait elle-même sa connaissance limitée de la culture Selk’nam.

« On me demande si je sais comment les Indiens faisaient du feu, je ne savais pas… eux me disaient que c’était avec des pierres, maintenant je le sais. Ils me posaient beaucoup de questions, au final ils en savaient plus que moi… »

Dans ses dernières années, Choquintel connut la reconnaissance tardive d’une société tentant d’atténuer sa culpabilité face au génocide. Cependant, ces hommages ne parvinrent pas à dissiper le sentiment de solitude et d’oubli qui l’accompagnait. Tourmentée par les contradictions, elle se sentit à la fois reconnue comme « la dernière Selk’nam » et profondément étrangère à son propre héritage. Sa vie fut un témoignage éloquent de l’impact dévastateur de la perte culturelle et de la difficulté à retrouver une identité arrachée.

Source: https://lacontratapatdf.com/nota/30841/un-dia-como-hoy-fallecia-virginia-choquintel–la-ultima-selk–039-nam/ traduit de l’espagnol par l’association Karukinka. Pour découvrir d’autres articles liés aux peuples autochtones de Patagonie, rendez vous sur la page dédiée.

Génocide Mapuche ou Pacification de l’Araucanie ? (01/06/2025, article et podcast Conociendo.cl)


La Pacification de l’Araucanie : analyse exhaustive de l’invasion, de la dépossession et du génocide Mapuche

L’histoire du Chili comporte un chapitre écrit avec des euphémismes et du sang : la mal nommée « Pacification de l’Araucanie ». Cet article plonge dans les détails de ce processus (1861-1883), déconstruisant le récit officiel pour révéler une opération complexe de conquête militaire, de dépossession légale et de colonisation forcée qui a redéfini le destin de l’État chilien et du peuple Mapuche, laissant un héritage de conflit qui perdure jusqu’à aujourd’hui.

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Pacification de l’Araucanie ou ¿Génocide Mapuche? (01/06/2025, conociendo.cl)

(source : https://conociendo.cl/pacificacion-de-la-araucania-o-genocidio-mapuche/ et un podcast disponible sur SPOTIFY (en espagnol), l’article lié à ce podcast est traduit de l’espagnol par l’association Karukinka)

Table des Matières

  1. Contexte historique : Le Wallmapu autonome et l’État chilien expansionniste
  2. Les acteurs clés du conflit
  3. Le plan de l’État : La proposition d’occupation de Cornelio Saavedra
  4. L’exécution militaire : Phases d’une guerre asymétrique
    • 4.1. Première phase (1861-1868) : Avancée et fortification
    • 4.2. Deuxième phase (1869-1881) : Pause diplomatique et consolidation
    • 4.3. Troisième phase (1881-1883) : L’offensive finale
  5. La dépossession légale : Comment les lois ont anéanti la propriété mapuche
    • 5.1. La loi de radication de 1866 : L’arme juridique
    • 5.2. Les « titres de merced » : Le confinement dans les réductions
  6. La colonisation dirigée : Terres pour certains, dépossession pour d’autres
  7. La catastrophe humaine et le débat sur le génocide
    • 7.1. Génocide et ethnocide : Le débat conceptuel
    • 7.2. Perspectives historiographiques en débat
    • 7.3. Éléments de la dévastation démographique
  8. L’impact total : La désarticulation de la société mapuche
  9. Résistance et résilience mapuche
  10. Héritage et dette historique : Les racines du conflit actuel
  11. Analyse comparative : Araucanie, le « désert » argentin et l’Ouest américain

1. Contexte historique : Le Wallmapu autonome et l’État chilien expansionniste

Au milieu du XIXe siècle, la frontière sud du Chili était clairement délimitée par le fleuve Biobío. Au sud s’étendait le Wallmapu, territoire ancestral du peuple Mapuche, nation indépendante de facto ayant résisté à la conquête espagnole pendant plus de 300 ans. La société Mapuche était organisée en une structure sociale et politique complexe basée sur le lof (clan familial), l’ayllarewe (fédération de lofs) et les butalmapus (grandes alliances territoriales).

Pour l’État chilien, consolidé après les guerres d’indépendance et sous l’influence des idées européennes de progrès, cette autonomie était un problème. Les élites politiques et économiques, sous les présidences de Manuel Montt (1851-1861) puis José Joaquín Pérez (1861-1871), ont vu l’occupation comme une nécessité pour :

  • S’approprier les ressources : les terres de l’Araucanie étaient considérées comme le « grenier du Chili ».
  • Unifier le territoire : relier la zone centrale aux colonies de Valdivia et Llanquihue.
  • Affirmer la souveraineté : éliminer la frontière intérieure et projeter une image de nation moderne.

2. Les acteurs clés du conflit

Ce processus historique a été mené par des figures et groupes aux intérêts radicalement opposés.

CatégorieActeurs principauxRôle dans le conflit
État chilien (officiels)José Joaquín Pérez, Federico Errázuriz Z., Aníbal Pinto, Domingo Santa MaríaPrésidents ayant impulsé la politique d’occupation
État chilien (militaires)Cnel. Cornelio Saavedra, Gral. Gregorio Urrutia, Cnel. Basilio UrrutiaDirigé les campagnes militaires
Peuple Mapuche (chefs)Lonko Mañilwenü, Lonko Külapang, Lonko Esteban RomeroDirigé la résistance militaire et diplomatique
AutresColons chiliens et européens, Orélie Antoine de TounensOccupé les terres, prétexte pour la conquête

3. Le plan de l’État : La proposition de Cornelio Saavedra

En 1861, le colonel Cornelio Saavedra Rodríguez a présenté au Congrès chilien un plan détaillé de « Pacification de l’Araucanie ». Il proposait d’abandonner la politique des traités pour une occupation matérielle, fondée sur trois axes :

  • Avancer la frontière militaire du Biobío au Malleco, avec des forts.
  • Subdiviser et vendre les terres « sécurisées ».
  • Promouvoir l’installation de colons chiliens et étrangers pour « chileniser » la région.

Le plan a suscité débat, mais a été approuvé par le Congrès, déclenchant l’invasion.


4. L’exécution militaire : Phases d’une guerre asymétrique

La conquête militaire s’est déroulée en plusieurs phases, interrompues par des soulèvements Mapuche et la Guerre du Pacifique.

  • Première phase (1861-1868) : Avancée et fortification Fondation de forts (Angol, Mulchén, etc.), résistance Mapuche immédiate, tactique de « terre brûlée » appliquée par l’armée.
  • Deuxième phase (1869-1881) : Pause diplomatique et consolidation Ralentissement de l’avancée, consolidation territoriale, introduction du télégraphe et du chemin de fer.
  • Troisième phase (1881-1883) : L’offensive finale Dernier grand soulèvement Mapuche en 1881, répression militaire massive, fondation de Temuco, fin militaire de la « Pacification ».

5. La dépossession légale : Comment les lois ont anéanti la propriété Mapuche

La conquête militaire fut indissociable d’une conquête juridique.
Loi de Radication de 1866 :

  • Définition de « terres vacantes » : toute terre non « occupée continuellement » par les indigènes devient propriété de l’État.
  • Imposition de la propriété privée individuelle, étrangère à la culture Mapuche.
  • Création de commissions de radication, processus entaché d’abus et de corruption.

Les « Titres de Merced » : Confinement dans des réductions

  • Attribution de petites portions de terres (environ 6 hectares/personne), insuffisantes pour l’économie traditionnelle.
  • Perte de plus de 90% du territoire Mapuche.
  • Fragmentation sociale et isolement des communautés.

6. La colonisation dirigée : Terres pour certains, dépossession pour d’autres

Traitement du peuple Mapuche : confinement dans des réductions, absence de soutien étatique, statut de « mineurs » sous tutelle.
Traitement des colons européens/chiliens : grandes parcelles, soutien étatique (voyages, outils, animaux, assistance médicale), statut de citoyens à part entière.


7. La catastrophe humaine et le débat sur le génocide

La « Pacification » fut une catastrophe humaine ayant décimé la population Mapuche, alimentant un débat sur le terme « génocide » selon la définition de l’ONU (1948).

  • Destruction de l’économie, dépossession des terres, confinement dans des zones invivables, famines et épidémies massives.
  • Etnocide : destruction de la culture par interdiction de la langue, de la religion, de l’éducation propre.

Perspectives historiographiques

  • Traditionnelle : processus inévitable pour l’unification du Chili.
  • Révisionniste : conquête impérialiste, violence systématique, étiquette d’etnocide ou génocide.
  • Mapuche : invasion d’un pays souverain, début d’une relation coloniale persistante.

Effondrement démographique

  • Entre 20 000 et 30 000 Mapuche morts de faim et de maladies entre 1881 et le début du XXe siècle.
  • La population Mapuche, estimée à un demi-million avant la conquête, a subi un effondrement démographique dont elle ne s’est remise qu’après plus d’un siècle.

8. L’impact total : Désarticulation de la société Mapuche

La « Pacification » a provoqué une rupture structurelle dans tous les aspects de la vie Mapuche :

  • Politique : perte d’autorité des lonkos.
  • Économique : passage d’une société prospère à la pauvreté.
  • Sociale : fragmentation et migration forcée vers les villes.
  • Culturelle : assimilation forcée, menace sur la langue et la vision du monde Mapuche.

9. Résistance et résilience Mapuche

Malgré la dévastation, la résistance Mapuche a perduré, se transformant en luttes politiques et juridiques au XXe siècle. La mémoire et l’identité culturelle ont survécu clandestinement, témoignant d’une résilience remarquable.


10. Héritage et dette historique : Les racines du conflit actuel

La « Pacification de l’Araucanie » est à l’origine directe du conflit actuel au Chili. Les revendications territoriales et d’autonomie du mouvement Mapuche s’appuient sur cette dépossession historique. La « dette historique » est centrale dans le débat public, et les recommandations de réparation restent largement non appliquées.


11. Analyse comparative : Araucanie, le « désert » argentin et l’Ouest américain

Le processus chilien n’est pas isolé :

  • Conquête du Désert (Argentine, 1878-1885) : justification idéologique similaire, tactiques de guerre totale, objectif de libération des terres pour l’élevage.
  • Guerres indiennes (États-Unis, XIXe siècle) : expansion vers l’ouest, réserves, dépossession et violence similaires.

Dans tous les cas, les États-nations ont utilisé leur supériorité militaire et un cadre légal pour déposséder les peuples autochtones, laissant un legs de traumatisme et de lutte pour la justice.


Conclusion : Une histoire à revendiquer

La « Pacification de l’Araucanie » fut une guerre de conquête qui a dépossédé un peuple de son territoire et cherché à anéantir sa culture. La comprendre dans toute sa complexité est un devoir pour toute société aspirant à la justice. Reconnaître ce passé n’est pas rouvrir des blessures, mais commencer à les guérir sur la base de la vérité et de la réparation.


Partagé par l’association à but non lucratif Karukinka, basée en France et dédiée à la Patagonie.

“Plongeon dans l’histoire des Cap-horniers” (Le Télégramme, 07/07/2024)

Jacques Chanteau

Par Jacques Chanteau

Le Breton Hervé Peaudecerf s’est plongé dans l’histoire des cap-horniers, une épopée qu’il retrace dans un ouvrage à la fois pédagogique, historique et ludique, un livre richement illustré de photos, cartes, dessins et autres documents.

Hervé Peaudecerf présentant son livre sur les cap-horniers, dont bon nombre sont originaires de Bretagne.
Hervé Peaudecerf présentant son livre sur les cap-horniers, dont bon nombre sont originaires de Bretagne. (Photo Jacques Chanteau)

Intitulé « Quatre mousses au Cap Horn. Hissez les voiles ! », le livre évoque ainsi ces grands voiliers marchands français qui, pendant plus de 100 ans, jusqu’en 1925, ont emprunté la route du Cap Horn reliant l’Europe aux ports du Pacifique. Dans leurs cales, ces bateaux ramenaient guano, nitrate, céréales, bois, métaux, minerai de nickel…

La suite sur : https://www.letelegramme.fr/culture-loisirs/plongeon-dans-lhistoire-des-cap-horniers-6620966.php

Le Sénat adopte une loi sur la restitution de restes humains présents dans les collections des musées français

Le Sénat adopte une loi sur la restitution de restes humains présents dans les collections des musées français

Suite à l’adoption d’une loi visant à simplifier la restitution des restes humains conservés dans les collections des musées français, l’association Karukinka et ses membres se réjouissent de cette avancée qui, ils l’espèrent, accélèrera la restitution des restes humains Selk’nam, Haush et Yagan présents dans la collection d’anthropologie physique du Musée de l’Homme (Paris).

Une demande de contact avait été maintes fois répétée avant et pendant la venue en France, dans le cadre du festival Haizebegi 2019, de Victor Vargas Filgueira (porte-parole de la communauté yagan d’Ushuaia, Argentine), Mirtha Salamanca (membre du Conseil Participatif Indigène d’Argentine pour le peuple selk’nam) et José German Gonzalez Calderon (ex-président de la communauté yagan de la Bahia Mejillones, Chili). Le directeur des collections avait refusé de les recevoir en octobre 2019, tout en indiquant que ces collections serait analysées dans les prochains mois.

A ce jour, soit plus de 4 ans après, toujours aucune suite n’a été donnée à cette prise de contact.

Pour aller plus loin, nous vous recommandons la lecture de cet article paru dans le journal Le Monde hier (intégré à la suite dans cet article) et, pour poursuivre la réflexion, la lecture par exemple de :

Le Parlement français adopte une loi sur la restitution de restes humains à des Etats étrangers

https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/12/18/le-parlement-francais-adopte-une-loi-sur-la-restitution-de-restes-humains-a-des-etats-etrangers_6206534_3246.html

Le texte doit faciliter le retour de corps ou de morceaux de corps collectés dans des conditions indignes en dérogeant à la règle d’inaliénabilité des collections publiques françaises.

Par Laurence Caramel Publié le 18 décembre 2023 à 20h23, modifié le 18 décembre 2023 à 21h40

L'ambassadeur d'Afrique du Sud, Thuthukile Edy Skweyiya et le ministre de la Recherche Roger-Gérard Schwartzenberg, posent à côté du moulage de Saartjie Baartman, surnommée
L’ambassadeur d’Afrique du Sud, Thuthukile Edy Skweyiya et le ministre de la Recherche Roger-Gérard Schwartzenberg, posent à côté du moulage de Saartjie Baartman, surnommée « Venus hottentote », le 29 avril 2002 lors d’une cérémonie à l’ambassade de l’Afrique du Sud à Paris, au cours de laquelle la dépouille de cette femme sera rendue à son pays d’origine. (AFP) JACQUES DEMARTHON / AFP

Les trois crânes provenant de l’ancien royaume Sakalave de Madagascar comme les dépouilles d’aborigènes d’Australie aujourd’hui conservés au Musée de l’homme, à Paris, pourront bientôt rejoindre leurs terres d’origine. Avec le vote des sénateurs, lundi 18 décembre, le Parlement a définitivement adopté la proposition de loi sur la restitution à des Etats étrangers des restes humains appartenant aux collections publiques françaises.

« C’est un moment important pour nos relations avec des peuples qui attendent depuis longtemps de pouvoir donner une sépulture digne à leurs ancêtres », se réjouit la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly, à l’origine de la loi avec deux autres élus de la chambre haute, Pierre Ouzoulias (Parti communiste) et Max Brisson (Les Républicains). C’est aussi un « moment d’émotion » pour l’ancienne conseillère à la culture de Rouen, dont la ville a été la première à délibérer en 2006 sur la restitution à la Nouvelle-Zélande d’une tête maorie présente dans les collections locales.

C’est le refus de l’Etat de laisser le musée normand se départir de cette pièce qui a été le point de départ de ce patient travail ayant abouti au texte voté lundi. Son adoption est une étape supplémentaire dans la mise en œuvre du projet plus vaste visant à faciliter la rétrocession de pièces de collection acquises par les musées français dans des conditions désormais jugées inacceptables : trophées de guerre, pillages, vols, profanations de sépultures…

Il s’agit aussi à cette occasion d’engager une réflexion et un travail de mémoire. En juillet, une première loi concernant la restitution des biens culturels spoliés à des juifs dans le contexte des persécutions antisémites de 1933 à 1945 a déjà été votée. En 2024, le dernier projet de loi du gouvernement portant sur les œuvres acquises pendant la colonisation devrait être présenté au Parlement.

Accélération des traitements des requêtes

Grâce à la loi adoptée lundi, il ne sera plus nécessaire, comme cela était le cas jusqu’à présent, d’obtenir l’autorisation du Parlement avec le vote d’une loi ad hoc pour chaque dossier de restitution de corps ou de morceaux de corps. Une dérogation générale au principe d’inaliénabilité des collections publiques est introduite dans le code du patrimoine qui permettra à l’Etat et aux collectivités territoriales concernées d’agir par simple décret en Conseil d’Etat. Le traitement des requêtes devrait s’en trouver accéléré.

Depuis le début des années 2000, seulement quatre demandes ont en effet pu être instruites : celle portée en 2002 de l’Afrique du Sud concernant Saartjie Baartman, une femme Koïsan réduite en esclavage et exhibée en Europe sous le nom de Vénus hottentote. La même année, l’Uruguay a récupéré la dépouille d’un Indien Charrua, Vaimaca Peru, achetée par la France en 1832.

Dignité humaine

En 2012, vingt têtes maories ont été restituées à la Nouvelle-Zélande, puis, en 2020, vingt-quatre crânes ont été rendus à l’Algérie dans le cadre d’une convention de dépôt d’une durée de cinq ans. Une situation qui devra être régularisée avec la nouvelle loi.

Plusieurs conditions sont fixées pour juger de la recevabilité d’une requête : elle doit être déposée par un Etat étranger et à des fins exclusivement funéraires. Les « restes » doivent être ceux de personnes mortes après l’an 1500 et les « conditions de leur collecte porter atteintes à la dignité humaine ou leur conservation contrevenir au respect de la culture et des traditions du groupe dont ils sont originaires », précise la loi. En cas de doute sur l’identification des restes réclamés, un comité scientifique composé à parité d’experts français et du pays demandeur sera chargé d’éclairer la décision du ministère de la culture, à qui reviendra in fine la décision.

« Apaiser les mémoires douloureuses »

La ministre de la culture, Rima Abdul-Malak, s’est félicitée d’une loi équilibrée « entre la garantie du principe d’inaliénabilité et la gestion éthique des collections publiques. (…) Le respect de la dignité humaine anime cette loi. La France regarde son histoire en face. Elle entend les demandes des autres peuples et souhaite ouvrir avec eux de nouveaux échanges culturels en ayant contribué à apaiser les mémoires douloureuses ».

La ministre s’est également engagée à lancer dès le début de l’année 2024 une mission parlementaire sur la restitution des restes humains provenant des territoires d’outre-mer. « Ils ne pouvaient avoir leur place dans la présente loi mais nous en faisons notre priorité », a-t-elle promis, en se fixant un an pour apporter une solution.

Lundi, des représentants des Indiens Kalina de Guyane assistaient au débat au Sénat. Ils réclament le retour des corps de huit de leurs ancêtres morts en 1892 après avoir été exhibés dans des zoos humains à Paris et répertoriés dans les collections du Museum national d’histoire naturelle, à Paris. Celui-ci possède environ 24 000 « restes humains ». Environ 7 % sont originaires d’Afrique et 5 % des outre-mer. Une centaine seulement a été identifiée avec précision par les scientifiques, ce qui résume un autre enjeu de la loi : pour parvenir à sa véritable mise en œuvre, il faudra doter les musées de moyens pour faire l’inventaire fouillé de leurs collections.

« Ils réalisent un acte pour le « Dernier jour de liberté des peuples autochtones d’Amérique » (Realizan acto por el “Último día de la libertad de los pueblos originarios de América” Info Fueguina, 14 octobre 2022)

« Ils réalisent un acte pour le « Dernier jour de liberté des peuples autochtones d’Amérique » (Realizan acto por el “Último día de la libertad de los pueblos originarios de América” Info Fueguina, 14 octobre 2022)

« L’activité s’est déroulée dans le cadre du Cycle Cérémoniel des Journées de la Paix et de la Dignité, impulsée par la Secrétaire de Gestion, Promotion et Renforcement des Droits et de l’Organisation Communautaire. La proposition était de commémorer les 530 ans de résistance. Il s’agit d’une activité validée par Ordonnance Municipale depuis 2016.

https://www.infofueguina.com/tu-ciudad/ushuaia/2022/10/14/realizan-acto-por-el-ultimo-dia-de-la-libertad-de-los-pueblos-originarios-de-america-67826.html

Traduction en français d’un article paru en espagnol dans le journal Info Fueguina, le 14 octobre 2023.

« Le but était de commémorer les 530 ans de résistance », a-t-il été signalé par la Municipalité de la capitale, et il s’est démarqué par la présence, durant cet évènement, de Margarita Maldonado, femme Selk’nam, et de Victor Vargas Filgueira, homme Yagan, lesquels ont participé à la cérémonie et ont commémoré le départ de Catalina Filgueira, aussi membre de la communauté Yagan, ainsi qu’à l’expression de percussions, Tambores del Sur, qui a accompagné les activités.

« Ces cérémonies nous rappellent l’importance de la liberté et de pouvoir l’exercer pleinement, a souligné la secrétaire de Culture et Education, Belén Molina, laquelle a commenté que « suivant la ligne de cette gestion municipale, nous accompagnons et célébrons les activités qui nous conduisent à réfléchir sur notre histoire et visibiliser nos racines. »

La Secrétaire de Gestion, Promotion et Renforcement des Droits et de l’Organisation Communautaire, Vanina Ojeda, a expliqué, à son tour, que « ceci est une reconnaissance aux peuples indigènes en leur dernier jour de liberté en Amérique ».

« Historiquement, le 12 octobre a symbolisé le progrès, alors qu’il a été le début de 130 ans d’assujettissement sur les peuples autochtones » a observé la fonctionnaire.

En ce sens, elle a considéré que « c’est une date de réflexion, durant laquelle, accompagnés par les membres des peuples autochtones, nous partageons et visibilisons leurs voix, resignifiant cette date, marquant le commencement de siècles de luttes et résistance que tant de pays continuent encore de célébrer comme le Jour de la Race ».

Documentaire à ne pas manquer : « Canoeros: Memoria Viva » (2022) | Pristine Seas | National Geographic Society

Documentaire d’une expédition avec des membres des peuples autochtones Kawésqar et Yagán dans la réserve nationale Kawésqar, dans le sud du Chili. Ensemble, ils explorent certaines des régions marines les plus uniques et les moins étudiées de la planète, notamment de vastes forêts de varech, des glaciers et des fjords, dans le but de les protéger contre les menaces posées par l’élevage continu du saumon dans la réserve.